Les environs de Boppard „am Rhein” contiennent d’après feu le Dr. Bach (Seminarlehrer f 1878), le nombre considérable de ± 960 plantes phanérogames. Plusieurs espèces y atteignent la limite boréale de leur aire géographique, par exemple l’Acer monspessulanum L. qui croît en arbrissean sur diverses montagnes. Le sol se compose principalement d’argile schisteuse, de même la roche sur la pente orientale de laquelle croit l’Iberis Boppardensis Jord., espèce tant disputée. Il fut découvert en 1827 par Bach et, après être enrégistré provisoirement comme I amara L., il fut rapporté par quelques botanistes à l’I. intermedia Guers. (plante de Rouen), par d’autres à l’I. divaricata Tausch (plante de Triest). En 1841 Bernhardi était d’avis que l’I. Boppardensis devrait être réuni en synonyme à l’I. intermedia, cette opinion ne reposant que sur la connaissance d’un seul exemplaire authentique de cette dernière espèce, qui, de plus, ne s’accordait pas avec la description de cette même plante, donnée par De Candolle dans sa „flore française* et son ,systema naturale” ;d’aprèsBernhardi, De Candolle serait en erreur. En 1844 enfin il y ajoutait encore l’L divaricata Tausch, et de plus, l’I. Durandii Lor. et Dur. ; de sorte que toutes les quatres formes n’étaient selon lui que des synonymes d’une seule espèce ; cette opinion fut suivie par Ko ch dans sa Synopsis (2e édition) et par Godrou et Grenier dans leur „flore de France”. Jordan y protestait dans le sixième fragment de ses ,observations.” Pour lui chaque forme constante et différente des autres de quelque manière, est une espèce à elle; il ne reconnaît pas des sous-espèces ou des variétés, parcequ’il ne croit pas à une évolution des êtres vivants; ,fonder un système sur l’unité radicale et absolue de tous les êtres, en ne voyant dans leur diversité qu'un simple effet d’une évolution dans l’unité, c’est lui donner pour base une absurdité non moins palpable que celle qu’implique la négation de l’ordre ou de la loi d’unité dans l’univers. ” Or lui de nouveau divisait en quatre espèces l’I. intermedia Guers. (d’après Bernhardi et Ko ch), dont les trois suivantes, 11. intermedia Guers. (de Rouen), 11. divaricata Tausch (de Triest) et 11. Boppardensis Jord. nous intéressent ici. J o r d a n n’a pas décrit la seconde, faute d’objet; mettant sa description de la première espèce à côté de celle de la troisième, pour autant qu'il indique des différences entre elles, on obtient le schéma suivant: (voir pag. 90). La différence se trouve principalement dans le fruit, qui (d’après les objets du Rijks-Herbarium à Leyde et, en outre. les exemplaires recueillis par moi même et par Mr. H a bric h) chez l’I. Boppardensis est plus petit et plus arrondi, ayant des ailes à dents porrigèes ou peu divergentes (fig. 2), tandis que le fruit de l’I. intermedia est plus grand et plus on moins cylindrique, avec des ailes à lobes très divergents et plus grands que les dents de l’I. Boppardensis (fig. 3; cf. aussi Bach in Flora 1839 p. 424 s ). Mais d’après les figures 2°—«, le fruit de l’I. Boppardensis varie entre certaines limites dans de différents exemplaires. L’I. intermedia croît sur plùsieurs côteaux calcaires du voisinage de Rouen, et d’après Grenier et Godron (flore de France) également dans quelques autres endroits de ce pays ; l’aire de l’I. Boppardensis est bornée de manière très frappante à une sèule roche d’argile schisteuse, où il est très fréquent, sans s’étendre cependant hors de cette roche (non isolée). Cette mode de croissance caractéristique est une raison de plus pour séparer l’I. Boppardensis des formes ressemblantes, dans le système autant qu’il l’est dans la nature. A côté de ces deux formes vient se placer l’I. divaricata Tau s ch; ses fleurs purpurines contrastent avec les fleurs ordinairement blanches ou roses de l’I. intermedia et l’I. Boppardensis; il croît sur des terrains calcaires comme 1T. intermedia, et comme celui-ci il a le fruit et les lobes de ses ailes plus grands que l’I. Boppardensis ; mais il s’approche de ce dernier par les lobes très-porrigés et la forme totale du fruit plus rétrécie en haut (fig. 4). Selon Bernhardi, qui a pu disposer de beaucoup de matériaux, ce serait la seule espèce d’Iberis dans le littoral de l’Autriche, et tout exemplaire mentionné sous un autre nom, serait le résultat d’une détermination fausse. Cela est certainement vrai pour les spécimens de l’I. umbellata de cette contrée, insérés sous ce nom dans le Rijks-Herbarium à Leyde. Jordan n’a pas dessiné le fruit de l’I. divaricata, ni Reichenbach non ,plus dans ses ,Icônes", où il donne, sous le nr. 4193 bis, un fruit de l’L Boppardensis (pas très typique en surplus) ; c’est pour quoi je l’ajoute sur la planche 3, à côté des formes voisines (fig. 4). — Les trois formes susdites sont elles des espèces, des sous-espèces ou des variations? Les différences n’egalent pas celles des espèces typiques comme les I. linifolia L., umbellata L., amara L., nana AIL, etc. Mais à côté de celles-ci il y a les espèces secondaires, comme l’I. Prostii Lor. et Dur., l’I. amoena Jord., l’I. panduraeformis Pourr., l’I spathulata Berg, etc., qui ne diffèrent pas plus des espèces typiques nommées, que les I. Boppardensis et divaricata de 11. intermedia. Pour ces formes les noms de sous-espèce ou variation (comme intermédiaire entre espèce et synonyme) ont sans doute raison d’être ; mais parce que ces termes indudent strictement une indication de descendance, le mot cospecies serait peut-être préférable. Ainsi ou aurait : _ . ,. ( Cospecies I. Boppardensis Jord. 1. intermedia Gners. < , _ _. . , ( Cospecies L divaricata, Tausch.