La forme est le phénomène de la vie le plus important. Aussi on pourrait croire que toute étude biologique devait commencer par la forme. En effet aucune fonction n’est imaginable indépendante de la forme, tandis qu’on peut étudier la forme indépendemment de la fonction, par exemple à des objets morts. Cependant depuis Sachs le botaniste moderne est tellement possédé par les conceptions matérialistes et mécaniques, qu’il veut aussi expliquer causalement les formes organiques en oubliant que, même si toutes les formes sont matérielles, cela ne veut pas nécessairement dire que les lois physiques et chimiques qui dominent la matière sont capables d’expliquer la forme, c.à.d. l’organisation des êtres vivants. A l’aide de briques on peut bâtir des bâtiments les plus divers, mais on peut aussi bien construire ces mêmes bâtiments de bois ou de pierre naturelle; le matériel employé n’explique pas le projet de l’architecte. Ce n’est qu’en le contemplant et en le comparant à d’autres qu’on arrive à mieux le comprendre (von V e h, p. 139). La forme („type” ou „idée” dans la conception platonique) est indépendante de la matière. Elle est ce qui reste. C’est par la forme que passe le courant de la cause et de l’effet, comme l’eau passe par un endroit clair d’une rivière (C a r u s). La forme présente un des problèmes les plus difficiles de la biologie. Le physiologue et le morphologue (deux extrêmes psychologiques) commencent pour ainsi dire aux deux extrémités de la nature, chacun à sa manière (Troll, M e y e r), l’un avec sa méthode physique et chimique, l’autre avec sa méthode comparative. Au domaine du premier appartient tout ce qui est dynamique: le métabolisme et la croissance, au domaine du second ce qui est statique: la forme. Que la feuille est la partie principale de la plante, sur cela les physiologues et les morphologues sont d’accord. Le premier la considère comme un organe qui a pour fonctions principales la C02-assimilation et l’évaporation. Depuis Goethe le second considère tous les appendices de la tige, aussi bien les sépales que les pétales ainsi que les organes sexuels comme des feuilles métamorphosées. Même, sous l’impression de la phyllotaxie des frères Bravais, Nees d’E s e n b e c k croyait que „la plante n’est rien d’autre qu’une unité de feuilles reliées entre-elles par un ordre défini”. C’est pourquoi on peut aisément considérer la morphologie de la feuille comme le problème central de toute la morphologie. Il est intéressant de se rendre compte comment dans le courant des temps on a essayé d’approcher ce problème de divers côtés. Cela pourrait apporter quelque lumière sur les différentes tendances de l’étude scientifique et sur les manières de penser qui sont caractéristiques pour les différentes périodes.